Gjesveaer le 8 juillet 2013 15h 10°
Voilà nous arrivons ! Cap Nord en vue ! Le paysage désertique offre une végétation pauvre s'accrochant aux pierres des roches dans un sol marécageux agrémenté de quelques étendues d'eau où viennent s'étaler ça et là des tâches de toutes les nuances de brun ou blanches des troupeaux de rennes. Nous laissons la direction du Cap Nord pour bifurquer NE. Une route tracée au milieu de nulle part à travers la toundra des rennes. Soudain à la sortie d'un virage, le dernier, le petit village aux maisons colorées et sur pilotis surgit au creux d'une anse. La magie opère et là je décide de rester une, non deux et finalement trois nuits. Notre chalet est lui aussi sur pilotis et cintré d'un plancher de bois donnant à l'arrière, notre balcon terrasse, sur la mer et quelques bateaux amarrés le long du ponton. Par nos fenêtres notre regard se glisse vers l'infini et l'horizon de la mer. Magnifique, extraordinaire beauté que dire encore ? Rien, se laisser imprégner de cette magie.
Gjesveaer situé sur la carte à l'extrême pointe Nord Est de La Norvège et de l'Europe.
Gjesveaer situé sur la carte à l'extrême pointe Nord Est de La Norvège et de l'Europe.
Ce petit village est comme tous les villages de pêcheurs ravissant et calme mais je lui trouve un charme particulier. J'entends l'eau frapper sur le bois des pilotis de notre chalet. Les rayons du soleil lorsque celui-ci cède aux caprices du temps, viennent dessiner par les fenêtres des rais sur le parquet. .
A Gjesvaer qui donne sur l'océan glacial arctique, à une trentaine de km du Cap Nord, règne tout en silence une activité autour de la pêche conditionnée et exportée.
Sacs de sel de 100 kg en réserve devant le bâtiment pour le conditionnement de la pêche
Des "safaris birds" (oiseaux) sont organisés en bateau. Le site est protégé.
Malgré une météo déplorable, vent et pluie j'y participe. A bord des combinaisons polaires nous sont proposées pour sortir sur le pont.
La qualité des photos prises entre le vent qui balaie le pont et la pluie avec de courtes accalmies, est en corrélation directe avec l'instabilité du bateau et la rapidité des oiseaux à s'envoler et à plonger !
En été les rennes rejoignent les bords de mer. A propos de rennes, savez-vous que les femelles perdent aussi leurs bois ?
Souple le petit !
Le ciel se voile et le soleil de minuit est compromis.
Les nuances de clarté varient en quelques secondes. La nuit blanche est assombrie par les nuages qui nous narguent.
Voici une série de 9 photos. Seriez-vous capables de donner un ordre de prises de vue ?
Je vous propose ce petit jeu. A vous d'essayer de relier la bonne réponse horaire avec la photo. Ce n'est pas facile et long !
Voilà la série d'horaires (9), à replacer par ordre chronologique croissant avec les lettres des photos.
Des surprises dans les réponses vous attendent !
22 h 34 23 h 14 23 h 17 23 h 18 23 h 27 0O 23 h 27 30 1 h 20 1 h 35 2 h 17
A
B C
D E
F G
H I
Réponses
A 23 h 14 B 1 h 20 C 23 h 27 D 23 h 18 E 23 h 17 00
F 22 h 21 G 1 h 35 H 2 h 17 I 23 h 27 30
22 h 21 F 23 h 14 A 23 h 17 E 23 h 18 D 23 h 27 0O C
23 h 27 30 I 1 h 20 B 1 h 35 G 2 h 17 H
Le Cap Nord
Ce point concrétise notre venue à l'extrême Nord avec vue sur l'infini de l'océan arctique.
Rentrons dans la légende et cèdons à la traditionnelle photo mythique du Cap Nord !
Ce n'est pas pour le soleil de minuit ... Les nuages sont là et d'ailleurs sommes-nous en été ? 11°5 ! ...
Non, à ce point septentrional j'évite les hordes de touristes et m'autorise cette fantaisie : une photo à ... midi !
Le troll du Cap Nord a craqué pour Pernelle
Et à notre retour... des rennes et ....des mouettes pour la petite note marine !
Photos P.H. Pernelle
Nous rejoindrons bientôt "Kunes" à plus de 200 km en quittant la route touristique.
Pourquoi Kunes ? Lors de mon premier message, je vous avais promis de vous révéler la rencontre extraordinaire faite à Grenoble avant mon départ ... Passionnée de scrapbooking je me suis rendue dans une boutique spécialisée à Saint Martin d'Hères tenue par une femme. Et là, au cours d'une discussion, j'apprends qu'elle est d'origine same et qu'elle a de la famille au Nord Est du Cap Nord, près d'Ifjord.
Pourquoi précisément quand j'ai eu envie de découvrir la culture same je l'ai rencontrée ?
C'était le moment. J'ai donc décidé d'aller dans son village où elle devait passer ses vacances.
Après le Cap Nord je redescends un peu et oblique vers l'est. A mon arrivée je suis fascinée par la toundra désertique d'un côté et l'anse du fjord de l'autre.
Malgré la pluie et le vent je passe la nuit dans ce cadre invitant à la méditation et remets au lendemain ma visite.
Cette nuit, si nuit il y a en raison du soleil qui ne se couche pas, est magique et est une page du livre du peuple same. A chaque réveil, toutes les heures, une surprise m'attend. Tantôt un oiseau qui ressemble à notre bécasse, tantôt un aigle qui survole les montagnes arrondies par l'érosion et le vent, tantôt un arc en ciel touchant deux points de l'horizon formant un demi cercle, tantôt le soleil de minuit qui tente de percer, en vain, l'épaisse couche de nuages au-dessus du fjord. Chaque détail dans cette nuit de toundra à végétation rase ou courbée par le vent est proche de l'hallucination tant il se détache de ce paysage désertique. Un pur bonheur que je savoure dans son intégralité.
Le matin je me rends chez Tone et dès notre arrivée sa maman s'est mise à pétrir le pain. Première révélation, en Norvège nous ne trouvons pas de boulangerie. Pourquoi ? Parce que les gens font du pain maison ! De la confiture aux baies de la région et aux fraises du jardin accompagne le pain tout chaud. Je découvre l'artisanat de sa famille. Tone m'explique que tout ce qui est confectionné artisanalement est uniquement fait pour des objets utilitaires
Quelques questions, des réponses des explications et des souvenirs d'enfance de Tone. Je me laisse imprégner de ces informations. Quelques notions sur leurs traditions et l'adaptation au monde des techniques modernes des sames. La pluie nous empêche d'aller marcher sur les "lieux de la terre des anciens". Mais des détails m'indiquent que ce monde est toujours présent dans le cœur des sames et j'espère que les nouvelles générations, comme Tone le fait, se souviennent encore longtemps de leurs racines.
Nous reprenons la route pour Karasjok, centre administratif des sames. Un grand parc same touristique avec reconstitutions d'habitats etc... est tenu par cette population. Sur place un atelier de fabrication de bijoux en argent fournit les souvenirs pour touristes. Je reconnais un pendentif gravé de la forme d'un tambour sacré... J'ai le cœur qui bat lorsque le tambour est évoqué. D'autres articles sont aussi de fabrication artisanale, dont les couteaux en "bois, cornes (?)" de renne et étui en cuir de renne et/ou bouleau. Petite parenthèse, les taxes sont remboursées sur place -25%-.
Jeudi soir je repère ce que je cherche, le Parlement samé, très important pour les sames enfin reconnus après presque un siècle de lutte(s). Ils siègent, femmes et hommes, en costume traditionnel. A sa porte en prolongement, (lequel prolonge l'autre ?) une bibliothèque où plus de 7000 livres d'ethnologie sur ce peuple sont à la disposition du public. Les bâtiments sont en forme de tente. Le symbole est là pour affirmer la présence d'une identité très forte.
Je ne résiste pas à déambuler dans le parc sami et rentre dans une petite boutique où des femmes cousent et confectionnent des objets artisanaux : sac pour transporter le café qui sera plongé dans l'eau d'une bouilloire posée sur le feu en montagne, décoration pour les bottes en fourrure et cuir de renne... Je suis admirative. Mais une surprise m'attend, l'une des femmes va chanter sous une tente, s'accompagnant du tambour en cuir de renne que sa maman, qui enseigne cet art, lui a fabriqué et sur lequel elle a tracé des dessins symboliques. Le tambour porte un nom. Je l'ignorais, comme tant de choses sur ce sujet. Magnifique chant traditionnel. Le son de sa voix et son chant m'envahissent. Je savoure cet instant, j'écoute et laisse les vibrations me submerger. J'ai eu la chance de parler juste avant avec cette femme dans son atelier et je vous assure que cette très belle rencontre m'a émue. Je repars avec leurs sourires et leur simplicité, comblée et chargée d'un cadeau, d'une part de leur oeuvre... Elles resteront dans mon cœur. Un contact au-delà des mots. Je sais maintenant pourquoi je suis venue ici dans le pays de ce peuple same et ce que j'ai pu recevoir.
Que le son du tambour same résonne encore longtemps !
Que nous comprenions que sa place n'est pas sur le mur d'un musée et que nous sachions en apprécier sa juste valeur mystique, symbolique et humaine avec respect.
Les rencontres se font lorsque nous sommes prêts et lorsque c'est le moment pour soi. Ce jour, ça l'est pour moi.
C'est notre dernier arrêt avant de passer la frontière pour la Finlande. Nous resterons en pays sami mais plus dans le Finmark.
Et en toute confidence, j'ai vraiment l'impression d'être sur le chemin du retour. La courbe est amorcée. Nous redescendons par la Finlande puis les pays baltes.
Ma petite note champêtre
Photos P.H. Pernelle
Tu es un livre à toi toute seule ...
RépondreSupprimerBises
Que les pages du livre soient lues, regardées et comprises avec le cœur et qu'il ne soit jamais fermé même s'il comporte des pages blanches
SupprimerMerci à toi
belles photos de pinguins! profitez de la fraicheur des pays nordiques
RépondreSupprimerOui ce sont des petits oiseaux par rapport à ceux dont ils ont hérité du nom Photos grâce au canon zoom+++ Merci...
RépondreSupprimerJe voudrais juste profiter du soleil et de la chaleur !!!
Pour le reste c'est un enchantement